Tout savoir sur le livre Comment Wang Fo Fût Sauvé ?

Comment Wang-Fô fut sauvé est un livre de conte publié par l’écrivaine Marguerite Yourcenar en 1936, dans la « Revue de Paris ». Il est repris deux années plus tard dans le recueil Nouvelles orientales du même auteur. L’histoire se passe au sein d’une Chine médiévale et suit l’aventure incroyable d’un vieux peintre, de son disciple et de la colère de leur Empereur.

L’histoire du peintre Wang-Fô

Accompagné de son fidèle disciple, Ling, Wang-Fô est un vieux peintre parcourant un monde qui l’émerveillait. Ses peintures étaient reconnues comme plus vraies que nature. Elles devenaient, disait-on, réelles. Le peintre passait de village en village et offrait ses œuvres en échange d’un peu de nourriture. Mais voici qu’un soir, profondément endormis dans une auberge de passage, Wang-Fô et son disciple se retrouvent arrêtés par l’armée impériale et sont conduit dans le palais de l’Empereur. Ce dernier témoigne d’un monde pâle et terne qu’il n’a découvert qu’après avoir admiré pendant des années les toiles du peintre qu’il admire tant. Ayant découvert le fictif avant le réel, il se trouve déçu de ce qu’il en est et ne se voit jamais l’aimer.

Pour ce crime dont le peintre se fait involontairement coupable, l’Empereur le punit en lui promettant d’avoir les mains coupées ainsi que les yeux brûlés. Mais avant, dit-il, Wang-Fô devra terminer une toile qui dans sa jeunesse était restée inachevée. C’est docilement que le peintre s’exécute et plonge, accompagné de son disciple Ling, dans sa propre toile. Abandonnant le monde, ils « disparurent à jamais sur cette mer de jade bleu que Wang-Fô venait d’inventer ».

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Wang-Fô et le dépassement spirituel

Cette nouvelle révèle davantage qu’une aventure entre fictif et réel. On parle ici d’un véritable sage comme personnage principal et l’allégorie d’une perfection esthétique atteinte par la peinture. Wang-Fô recherche ce qui dépasse le réel et sort de tout ordre social et possessions matérielles. Il offre ses peintures en échange de « rations de bouillie de millet » et se libère de toute intégration sociale par l’art comme échappatoire. Quant à Ling, son disciple et fidèle compagnon, c’est né riche d’argent qu’il commencera sa vie avant de la finir riche des idées de son maître. Le dépassement spirituel de l’homme par l’art lui permet une forme d’immortalité où, même condamné par l’Empereur, il « survit » par le biais des toiles de Wang-Fô.

Il y a un véritable tissage entre la réalité et l’art qui la représente. En effet, ce qui est reproché à l’art par l’Empereur mais qui est aussi un reproche général, c’est qu’il deviendrait plus qu’il ne devait représenter. Plus coloré, plus doux, plus idéal. L’art révèle des choses du réel et en créez d’autres, elle est un mensonge qui dit la vérité. Faire écho au réel mais ne pas dessiner le réel pour le rendre plus explicite ou son contraire, voilà ce que l’Empereur pointe du doigt au peintre. C’est un procès contre l’art qui est représenté mais que l’art lui-même ne pourra jamais perdre, puisque l’art, c’est l’échappatoire.

Les deux protagonistes ne se soumettent à aucune forme supérieure à la différence de l’Empereur qui s’est senti emprisonné dans les toiles de Wang-Fô et de sa vision idéalisée du monde, son royaume. La forme hiérarchique la plus haute s’est retrouvée internée dans un univers qu’il ne domine pas et qu’il ne dominera jamais après avoir réalisé que celui-ci n’existait tout simplement pas. Le réel devient alors un amas de tâches confuses dont le simple fait de l’observer « le répugne ». C’est cette impression d’emprise – ou plutôt de manque d’emprise – sur l’art qui l’incite à le condamner. « Les nuages […] étaient moins beaux que ceux de tes crépuscules. ». « Tu m’as menti, Wang-Fô… Je ne posséderai pas. ».

Vidéo et Audio sur le livre Comment Wang Fô fut sauvé